La porte de Paris représente un témoignage important des aménagements voulus par les Ducs de Mancini-Mazarin pour leur ville de Nevers, ainsi que des grands monuments commémoratifs royaux bâtis dans toute la France au XVIIIe siècle. Il est aussi une image de la grande histoire de France, et notamment des destructions liées à la Révolution.
Le parti de restauration s’est appuyé sur la lecture de l’édifice tel qu’il est aujourd’hui, c’est-à-dire un édifice homogène mais mutilé : entièrement construit au milieu du XVIIIe siècle, il a été mutilé afin d’en retirer tous les décors sculptés, puis plusieurs fois restauré.
La porte a été restaurée avec pour état de référence son aspect du début du XIXe siècle après les destructions de la Révolution.
L’intervention a visé à remédier au vieillissement des matériaux en place (particulièrement des maçonneries) dégradés par l’usure du temps et les intempéries. Il a pour cela été nécessaire de déposer certaines dispositions issues de restauration malheureuses, ou de remédier à l’effet négatif de ces dernières.
Le principe d’authenticité qui a présidé à notre démarche, visait à conserver un maximum d’éléments anciens. En ce qui concerne la pierre de Garchy utilisée durant des campagnes de restauration précédente, une dépose de tous ces éléments paraissait inconcevable, autant pour la masse de travail que cela représentait, que pour l’authenticité du monument. Aussi il a été proposé de conserver les ensembles cohérents réalisés dans cette pierre (tables, et côtés de l’arc notamment), et de gérer l’interface avec la pierre de Nevers ancienne, grâce à des pierres de substitution
Les principes de restauration ont ainsi recherché avant tout à conserver au maximum les éléments anciens de l’édifice. Face à l’incompatibilité de la pierre de Nevers et de la pierre de Garchy, un traitement de l’interface par une pierre de substitution a été privilégié plutôt que la dépose complète des pierres de restaurations précédente.
– les pierres particulièrement altérées et ne pouvant pas être conservées ont été remplacées. Lors des remplacements des pierres trop altérées, l’utilisation d’une pierre compatible (principalement la pierre de Tercé jaune) avec la pierre de Nevers en termes de transferts d’eau et ne possédant pas la même sensibilité à la dilatation sous contrainte hydrique (pierre de Richemont) a été utilisée (déterminée par les analyses en laboratoire réalisées par le cabinet Studiolo) –
– les pierres anciennes ont été traitées en vue de limiter leur réactivité sous contrainte hydrique
– les parements ont été nettoyés,
– les ragréages anciens au ciment ont été déposés et remplacés par des mortiers à la chaux, de même pour les joints au ciment,
– les joints ont été réalisés au mortier de chaux fin, et de la même teinte que la pierre de Nevers afin de les faire disparaître visuellement
– des ragréages limités aux mortiers de chaux ont été réalisés en certains endroits
– afin de masquer la différence visuelle entre les pierres anciennes, pierres de Garchy et pierres neuves une patine d’harmonisation a été appliquée sur l’ensemble des parements.
– un traitement biocide a été appliqué sur toutes les parties saillantes, corniches, bandeaux, colonnes, sculptures… et toutes les parties colonisées par des verdissures (lichens, mousses…) situées à différents niveaux d’élévation.
– nettoyage des parements et décors sculptés par micro-abrasion, suite à des essais préalables entrepris par des restaurateurs spécialisés ayant déterminé les conditions opératoires adéquates et les zones à traiter
– injections au coulis de chaux
– une patine d’harmonisation a été appliquée sur l’ensemble pour assurer la cohérence entre les anciennes restaurations et les plus récentes
– les ouvrages de couvertures en plomb n’assurant plus leur rôle d’étanchéité, et leur mise en œuvre n’étant pas satisfaisante (pas de goutte d’eau, recouvrement insuffisant, remontées d’étanchéité insuffisantes). Ces éléments ont donc été entièrement refaits à neuf et en plomb.
– enfin les deux clefs sculptées au sommet des arcs Nord et Sud, buchés à la révolution, ont été restitués, rendant en partie à la porte d’entrée de la ville son sens initial